Vers un nouvel Ordre des médecins ?

par Laurence ( infirmière) et François ( enseignant) pour le collectif Alertes Médecins

     Le 13 mai 2023, à Auderghem en Belgique, s’est tenu la première réunion fondatrice de l’Ordre Universel des Praticiens des Arts de la Santé .

 

50 places étaient réservées aux médecins, 50 aux infirmières ou aux professions paramédicales et 50 encore au public. Une répartition qui illustrait la philosophie du nouvel Ordre : être ouvert aux soignants autant qu’aux citoyens. 


En se déclarant Universel, l’Ordre ne se veut pas non plus réservé aux seuls Belges.


Ainsi, son fondateur, le Dr Colignon, déclarait que l’éthique médicale ne saurait différer que l’on habite d’un côté ou l’autre d’une frontière, que l’on soit Français, Suisse ou Colombien. On pourra donc y adhérer quelque soit sa nationalité.


Autre ambition majeure: « n’être plus aux ordres des lobbies ».


Il y a bien dans cette revendication une accusation en creux de l’actuel Ordre des Médecin. Mais une accusation qui est loin d’être la première.

un programme clairement affiché

Genèse d’une révolte. 

Le rapport de la Cour des comptes


  La révolte semble naître en France en 2019, alimentée par la publication du rapport de la Cour des comptes. Les conclusions de ce rapport sur le Conseil national de lOrdre, ainsi que 46 conseils départementaux (sur 101) et les 24 conseils régionaux de lOrdre, étaient accablantes.


« le contrôle du respect par les médecins des règles déontologiques de la profession, qui est la raison d’être de lOrdre, nest pas exercé de manière satisfaisante », dit le document. Signalant également que « les seize membres du bureau ont perçu au total plus dun million deuros dindemnités en 2017 ». 


9177 euros d’indemnités mensuelles pour le président et 7 245 euros pour le trésorier, sans compter les frais de déplacement, dhébergement ou de restaurant… Une addition un peu trop salée pour le Dr Jean-Yves Lemardeley,  généraliste de 70 ans à Mortain. Comme bien d’autres, il décide alors de ne plus envoyer sa cotisation. 


Ainsi quatre médecins nantais et six autres en Ariège entrés en dissidence en 2022 sont attaqués par lOrdre pour le non-paiement de la cotisation. 

Tous les contrevenants sont finalement condamnés à payer avec une pénalité de 300 euros. 



Déjà en 1980 …


Les révoltes et des tentatives de sécession ne sont pas nouvelles. Marie Kayser, médecin, désormais à la retraite, et qui faisait partie des condamnés nantais en 2022, rappelle que dans les années 1980, avec quelques médecins, elle avait déjà lancé un mouvement, à Nantes. « François Mitterrand devait supprimer lOrdre, cela ne sest pas fait » dit-elle . À cette époque, des non-paiements de cotisations et des procès avaient déjà eu lieu. “« Puis, on a recommencé à payer tous les ans. » 

                                                                                   

En 2017, Jean-Luc Mélenchon, parle à nouveau de supprimer l'Ordre. L’histoire semble se répéter.

En 2021, 26 associations de patients et syndicats de médecins signent une tribune demandant la dissolution du l'Ordre, lui reprochant à l'Ordre de "protéger des professionnels de santé corrompus et maltraitants". Des associations l'accusent de «  prendre des positions politiques réactionnaires à lencontre de lintérêt des patients"ou de "ne pas prendre assez au sérieux les plaintes contre les médecins, même pour agressions sexuelles". Jugé patriarcal, et non représentatif ( avec seulement 30% de participation aux votes)...  un médecin conclue que l'Ordre n'est pas réformable et doit donc être dissout.  

demande de dissolution de l'odre-2021

                                                                                      

Crise Covid et nouveaux points de discorde :

l'atteinte à la liberté de prescrire... 


En 2020 survient la crise Covid. Le gouvernement impose alors des mesures inédites. L'Ordre des médecins s'en fait le relais diligent et sanctionne ceux qui émettent des critiques ou même seulement des réserves. Ceux qui rappellent que le confinement, mesure médiévale, n'a jamais fait ses preuves pour enrayer les contaminations. Ceux qui signalent que les masques n'ont d'utilité que pour les chirurgiens en salle d'opération et n'ont jamais prétendu faire barrage aux virus. Ceux qui protestent contre l'interdiction ou la restriction de certains traitements parfaitement connus et éprouvés tels que l'hydroxychloroquine ou le l'Ivermectine au nom de la liberté de prescrire.  Or l'Ordre, qui  aurait du défendre cette liberté  devient le bras répressif du pouvoir.

Viloaine Guerin, fondatrice de Laissons les Médecins Prescrire

Les médias de leur côté présentent les récalcitrants comme une poignée de complotistes et d'antivax. Une poignée ? Pourtant 2400 médecins prennent le risque de signer la déclaration promue par le collectif Laissons les médecins prescrire, fondé par Violaine Guérin. Et la coordination Santé Libre estime qu'à travers les divers collectifs qu'elle regroupe, c'est près de 30 000 praticiens qui revendiquent leur liberté. 

...  la trahison du serment d'Hippocrate

Parmi les rebelles , la dermatologue Zineb Deheb qui refuse le passe sanitaire. Elle écrit une lettre ouverte à l'Ordre pour l'alarmer : " Un médecin a-t-il le droit d’injecter un traitement expérimental à une personne alors même qu’il a conscience que le consentement de cette personne a pu lui être extorqué par l’Etat ? Notre serment d’Hippocrate ne nous enjoint-il pas à ne pas exploiter « [notre] pouvoir hérité des circonstances pour forcer les consciences » ? Qu’en est-il alors des corps ? Le médecin aurait maintenant le droit de forcer les corps ? Jamais vous ne me convaincrez de cette ineptie."  Au siège de l'Ordre où elle est convoquée le Président lui déclare sans sourciller que " le rôle de l'Ordre des médecins est d'appliquer les directives de l'Etat". Il n'est visiblement plus de défendre l'intérêt des soignants ou des patients.

medecine et totalitarisme

Le Dr Deheb a développé ses réflexions sur la processus qui a contraint les médecins a obéir si massivement dans son ouvrage Médecine et totalitarisme qui fait suite à sa lettre ouverte.

... des liaisons dangereuses avec l'industrie 

On en vient là au noeud du problème, mis à jour par la crise Covid et qui va motiver l'actuelle sécession. Un problème déjà soulevé dans la rapport de la cour des comptes : « les conventions que les médecins concluent avec lindustrie pharmaceutique et qui doivent être obligatoirement transmises aux conseils départementaux de lOrdre ne sont pas examinées par ces derniers ».

Ce sont bien les relations troubles entretenues avec l’industrie que dénonce le Dr Colignon et qui justifient aujourd’hui la création de l’Ordre Universel. 


Chacun a pu en effet constater à une échelle planétaire les enjeux financiers colossaux de l’industrie pharmaceutique autour des vaccins anti Covid. 


Un récent documentaire diffusé sur France 2 rappelait l’importance de ce pouvoir financier ainsi que les nombreuse condamnations de Pfizer pour fraudes et corruptions. 

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Faut-il rappeler que lors de la crise Covid , était qualifié d’antivax quiconque se montrait circonspect face à un produit à base d’ARNm  élaboré en quelques mois, alors qu’un vaccin exige dordinaire une dizaine d’années d’étude et de recul. 


L’importance des effets indésirables remontées par l’ANSM confirment aujourd’hui que la prudence était légitime. 


Les liaisons entre l’industrie pharmaceutique et les différentes autorités sanitaires se montrent de plus en plus dangereuses. La présidente de la commission européenne, Mme Van der Leyen, s'autorise sans l'avis de personne de passer commande par SMS de millions de doses de vaccin (inutiles et que nous devrons jeter) puis refuse de se justifier. Tout comme le Président de Pfizer, Monsieur Bourla qui ignore les convocation devant une commission d'enquête

Fort de ce constat, le Dr Colignon et les fondateurs de l’Ordre Universel ont fait un choix radical pour éviter toute tentation de corruption : n’avoir aucun compte en banque. Et de ce fait aucun revenu ou indemnité pour ses membres. 



Qui est le Dr Colignon ?


Chirurgien vasculaire à la Clinique des jambes de Nivelles en Belgique,  Le Dr Colignon , s’est fait connaitre pendant la crise Covid pour avoir défendu le droit de prescrire, entre autres, la vitamine D, le zinc et l’Ivermectine. Le 11 mai 2022 il est condamné et suspendu par l’Ordre de médecins pour une durée de 2 ans. 


Le docteur Colignon n’est pas pour autant ce qu’il est convenu d’appeler un antivax. Tout en défendant une médecine préventive il a vanté les promesses de l’ARN messager. Il s’est seulement insurgé contre la solution « tout vaccin » prônée par les autorités. D’ailleurs très vite les études ont démontré l’efficacité des traitements décriés. 


Le Dr Colignon rappelle que les griefs à son encontre portent sur des principes politico-éthiques et non déontologiques et ne relèvent donc pas de la compétence de lOrdre des médecins. Cette mise à l’écart va le mener à pousser son investigation et ses critiques sur le système pharmaco financier.


Une critique de fond


Lors d’une d’une conférence tenue conjointement avec l’anthropologue de la santé Jean-Dominique Michel,  le Dr Colignon dénonce l’abus dont les médecins sont l’objet. 

Et malheureusement de longue date. 



Ce que les médecins prennent pour la plupart encore pour des études sérieuses et sur lesquelles ils se fondent pour prescrire n’ont plus grand chose de scientifique. Et ce pour une simple raison. Le consortium pharmaco-financier achète les revues médicales, les centres et instituts de recherche. Le groupe britannique Relix  possède à lui seul 761 revues . Or Relix, est détenu par Vanguard,  le premier actionnaire de Pfizer, Moderna , Astra Zeneca, …  Dès lors , comme le relève également Jean-Dominique Michel, la plupart  des études sont orientées voire complètement fausses pour satisfaire aux intérêts des commanditaires. Richard Horton, le directeur de la publication du Lancet en faisait lui-même l’amère constat.  



Follow the money , comme disent les américains.  Et à ceux qui défendent encore l’idée que les laboratoires doivent investir de plus en plus dans la recherche, le Dr Colignon rappelle que les dépenses sont bien plus largement consacrées au marketing. 


Triste bilan d’un système à bout de souffle et qui justifie largement selon le Dr Colignon la fondation d’un Ordre dont l’« objectif est de combattre la version pervertie de notre éthique quune certaine modernité entend nous imposer. »


Quel avenir pour l’Ordre Universel ?


A ce jour plus de 3600 membres adhérents sont déjà recensés, médecins ,  soignants mais aussi, simples citoyens, philosophes, chefs dorchestre, caissières de supermarchés, et victimes des vaccins.  Le nouvel organisme a été rejoint par plusieurs collectifs comme « Police pour la Vérité », Le Collectif des Professionnels de Santé pour le Bien Commun, un Collectif français de soignants ou le groupe du docteur Ochs au Luxembourg.


Outre de n’avoir aucun compte en banque , l’Ordre Universel revendique également de n’être pas hiérarchisé. 

Une simplification qui peut soulever quelques interrogations.

Dès lors quelle sera sa représentativité  si ses membres ne sont pas élus via l'organisation d'élections ? 

On attend encore la rédaction finale des statut qui devrait voir le jour à la fin juin 2023 qui pourra préciser certains points.


Certes, l’organisme se veut exemplaire mais le choix de tels statuts n’est-il pas utopique ? Le rend il viable ? L’avenir le dira. 


Il est en tous cas révélateur d’un ras de bol d’une grands partie de la profession médicale qui aspire à revenir aux fondement de sa vocation : se consacrer aux soins.


C’est aussi le voeu d’un des fondateurs du nouvel organisme qui espère obtenir un grand débat sur les dérives éthiques de lOrdre National des Médecins.

« Nous pensons pouvoir ainsi ramener l'Ordre à ses valeurs d’origine. » déclare-t-il.

Nous le lui souhaitons.